• Interview : Audrey Pleynet, une érudite et une humaniste dans l'âme

    Bonjour Audrey. Tout d’abord, merci d’avoir accepté ma proposition de chroniquer ton roman, Noosphère. Sans perdre de temps, on va entrer dans le jeu des questions et des réponses.

    Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots, ou en quelques phrases si tu es loquace, et nous donner une idée de qui est Audrey Pleynet.  

    Bonjour, et merci pour cette interview ! Que dire de moi ? Alors je suis née en 1984. Je suis diplômée d'une Grande Ecole de Commerce mais je suis partie travailler dans l'humanitaire à l'étranger pour des ONG françaises (Organisations Non-Gouvernementales). Au fin fond d'une base avancée du Tadjikistan, sans internet, sans télé et parfois (souvent) sans électricité, j'ai adopté les objets qu'on trouve dans tous les pays du monde : un stylo et un papier ; pour enfin coucher tout ce que j’avais en tête. L'écriture de mon roman Noosphère a commencé là-bas et s'est poursuivi dans mes autres pays de mission jusqu'à mon retour en France. J'ai travaillé dans une association à Paris auprès des SDF et des prostituées puis j'ai posé mes valises en Vendée pour fonder une famille (mon fils a 1 an bientôt) et finaliser puis auto-éditer mon roman en août 2017. Noosphère est un roman de science-fiction sur une futur proche avec de l'action, de l'amour, des réflexions philosophiques, géopolitiques et sociales. 

    Ensuite, parlons de ton lien avec l’écriture. Quand as-tu commencé à écrire ?

    Toute petite, je soignais mes rédactions, mes dissertations à l’école, comme la bonne petite élève que j’étais. Et puis j’ai commencé à écrire des journaux intimes, de petites histoires. Mais je suis venue à l’écriture d’abord par l’oral. Très bavarde, j’aimais raconter des histoires à mes amis, à mes jouets, à mes parents. J’aimais inventer et imaginer avant tout. Le besoin de le coucher sur papier est venu de la peur de perdre toutes ces histoires dans ma tête.

    Derrière tes lignes, on peut sentir une personne férue de culture, notamment par l’intermédiaire de citations, par la pertinence des connaissances évoquées et par les quelques références inhérentes à la richesse du patrimoine humain.  Y a-t-il des auteurs que tu as pu lire dans ta jeunesse et qui t’ont inspiré lorsque tu as décidé d’endosser le costume d’écrivain ?

    J’ai eu la chance d’avoir des parents passionnés par l’histoire, la philosophie et la littérature. On en parlait toujours à table et quand on visitait un château par exemple, on ne visitait pas juste un château, on reprenait toute la généalogie des rois et reines de France, des grands conflits, des écrivains et poètes qui avaient écrits sur la région. Ce désir d’apprendre et de transmettre a été un cadeau extraordinaire. Petite dernière de la famille, pour tenir le ryhtme j’ai lu des livres qui n’étaient pas de mon âge et qui m’ont profondément marquée comme Robert Merle, Barjavel et Bernard Werber dont l’approche humaine de la science-fiction a été une grande inspiration.

    Chaque auteur possède une source d’inspiration qui lui est propre. Certains ont besoin d’expier leurs souffrances quand d’autres rêvent de s’évader de notre monde. Quel est ton moteur ?

    Je suis fascinée par l’aventure humaine, son histoire, son potentiel tant au niveau cognitif, que dans sa résilience, sa capacité d’empathie et de compassion, mais aussi d’horreur. C’est ce que je veux faire ressortir dans mes romans, une sorte d’exploration de l’âme humaine.

    J’ignore si tu as écrit d’autres livres, romans ou nouvelles, je n’ai rien trouvé d’autre venant de toi sur Internet. Il m’a été difficile de cerner concrètement le genre de Noosphère. Il y a un petit côté espionnage auquel je ne m’attendais pas forcément, un soupçon de romance mais surtout une touche de science-fiction. Si tu dois écrire d’autres livres, as-tu un genre de prédilection ?

    Ahah, effectivement Noosphère est difficile à classer. Mon genre de prédilection est la science-fiction mais le thème est compliqué à définir. Je lui préfère celui de « fiction spéculative ». Avec lui, pas besoin de progrès de la science, il suffit juste de se poser la question « et si ? » et après dérouler l’intrigue et voir comment les humains réagissent face à cela. Dans Noosphère je me suis retrouvée, sans le faire exprès, à appliquer un concept philosophique (celui de la Noosphère de Pierre Teilhard de Chardin) à notre monde d’aujourd’hui. Comme l’ont fait les réalisateurs de Matrix avec l’allégorie de la caverne de Platon. Je vais probablement écrire mes prochains romans et nouvelles dans cette veine.

    Noosphère semble être une ode à la connaissance. On sent ta volonté de distiller de nombreux messages. La science-fiction est-elle un moyen pour toi de partager les fruits de ta réflexion ?

    C’est exact. Sur de nombreux points, j’ai utilisé mon roman comme un étendard. C’est aussi parce que j’ai travaillé dans l’humanitaire et le social et je souhaitais éveiller un peu les consciences sur certains sujets qui me tiennent à cœur suite à mes expériences professionnelles.

    Visiblement, tu as voulu aborder de nombreux thèmes de réflexion. Je ne les ai pas forcément tous répertoriés, étant donné que j’étais pris par l’histoire. Peux-tu nous dire quel était le but qui se cachait derrière la rédaction de Noosphère ?

    Comme je le disais, j’ai travaillé dans l’humanitaire à l’étranger pendant plusieurs années, puis, de retour en France j’ai dirigé un centre d’accueil de jour pour personnes vivant à la rue, parfois sortant de prison ou toxicomanes, avec des problèmes psychiatriques, etc, et aussi pour les femmes en situation de prostitution en grande majorité victimes de traite des êtres humains. Toutes ses expériences m’ont fait grandir à un point que je ne peux pas décrire et j’ai reçu mille leçons de vie. Mais le point commun que j’ai retiré dans toutes ces situations, c’est que l’éducation et la culture sauvent. Ça enrichit l’âme, ça touche quelque chose de si précieux dans l’homme que ça permet de déplacer des montagnes. J’ai vu des dizaines de programmes de développement mais ce qui faisait sortir de la misère avant tout c’était l’instruction, la lecture, l’écriture, l’ouverture à l’autre. J’ai vu des étincelles de vie naître dans des yeux autrement éteints, alors qu’ils contemplaient un tableau, une statue, ou en lisant un livre. Le beau de l’œuvre faisait ressortir le beau dans l’homme, le poussait à désirer du beau dans sa vie, du bon pour lui-même qui retrouvait de la valeur à ses propres yeux. Des jeunes femmes esclaves sexuelles en Europe en apprenant l’histoire de l’humanité se retrouvaient connectées aux humains avant elles et en elles naissait un désir de reprendre le contrôle de leur propre vie, et l’éducation leur donne ce pouvoir. Et alors elles apportaient à leur tour leur contribution  la connaissance et à l’aventure humaine. C’est la réflexion que j’ai voulu transmettre dans mon roman Noosphère : le savoir rend libre, l’éducation donne la capacité d’exercer cette liberté, la culture montre le beau en toute chose, la connaissance produit l’empathie. Mais en face, beaucoup craignent cette liberté et ce pouvoir…

    Dans ton roman, quelques personnages masculins et féminins gravitent autour de deux personnages principaux, Inès et Matt. T’identifies-tu à Inès et Matt serait-il inspiré par une connaissance réelle ? Ou sont-ils pleinement issus de ton imagination ?

    Un jour un psychologue m’a dit : « dans nos rêves, nous sommes toutes les personnes qui apparaissent ». Je pense que c’est pareil pour un écrivain et ses personnages. Inès devait être un personnage secondaire (attention révélation !) mais c’est celle qui a fait preuve de plus de courage pour passer à l’action et venir en aide à Matt. J’aime à penser que j’aurai eu le même courage. Mais les lâchetés et les zones d’ombre de mes antagonistes sont sûrement aussi les miennes.

    Matt répond à la même règle sauf pour l’aspect physique : au fur et à mesure du développement du côté romantique de l’histoire, il a pris les traits de mon compagnon J

    Le moment est venu de se demander si tu prévois de concrétiser d’autres projets littéraires. Par hasard, serais-tu actuellement en train de plancher sur une histoire ?

    Ahah, oui ! Pour l’instant, je me consacre uniquement à l’écriture donc j’ai pas mal de projets en route. Tout d’abord la retranscription d’un carnet de voyage écrit pendant ma mission humanitaire au Tadjikistan. J’ai aussi commencé un autre roman plutôt post-apocalyptique sur les thèmes philosophiques de l’espoir et du sens à donner à sa vie. Je réponds à plusieurs concours de nouvelles et j’ai aussi une novella (un très court roman) en projet.

    Si je ne me trompe pas, tu as utilisé le moyen de l’auto-édition. Publier un livre demande beaucoup d’énergie et d’endosser plusieurs casquettes. Il faut réaliser la couverture, s’occuper de la mise en page et effectuer un travail de relecture et de correction. As-tu eu besoin d’aide pour peaufiner ton roman ou t’es-tu chargée de tous les éléments de sa réalisation ?

    En effet, un auteur auto-édité doit tout faire sans maison d’édition mais on n’a pas pour autant aucune aide. Des amies ont été mes bêta-lectrices, mes parents ont été mes correcteurs (comme quand j’allais à l’école) et une amie qui a une boîte de communication (Youbold) a réalisé ma couverture (magnifique d’ailleurs). La mise en page… je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi donc je m’en suis chargée toute seule…

    Ressens-tu une émotion particulière lorsque quelqu’un lit un de tes livres ou lorsque tu découvres une chronique ?

    Oh que oui, ce sont les montagnes russes de l’émotion ! Je reprendrai les vers de la poétesse de la Renaissance Louise Labé qui le dit bien mieux que moi : « je vis, je meurs, je me brûle et me noie, j’ai chaud extrême en endurant froidure » 

    As-tu un lecteur privilégié dans ton entourage ?

    Pas un, mais plutôt quatre : mes plus proches amies qui constituent une sorte d’hydre à quatre têtes dont l’avis m’importe énormément.

    Si tu étais un livre, ou un personnage de roman, qui serais-tu Audrey Pleynet ?

    Avec mon désir insatiable d’apprendre, j’aimerai être l’encyclopédie ! J

    L’écriture est-elle ton activité principale ? Exerces-tu une profession ou d’autres passions ?

    Pour l’instant, c’est mon activité principale, mais je pense reprendre bientôt un poste dans l’humanitaire ou le social, de préférence tourné vers l’éducation (on y revient J ). La science-fiction et la philosophie sont des passions que j’explore dans plusieurs médias donc je suis aussi une grande lectrice, fan de cinéma et de séries télé.

    Être auteur ou écrivain est un métier particulier, comment cela se passe-t-il avec ton entourage ? Il te soutient ?

    Alors bizarrement, c’est assez nouveau pour eux car j’ai longtemps écrit en cachette. À part les plus proches amies et mon compagnon bien-sûr, j’ai avoué cette activité étrange à ma famille une fois la première version du livre achevée. Ils n’ont donc pas été témoins des milliers d’heures de travail que j’ai eu à fournir. Mais évidemment mon entourage me soutient totalement maintenant qu’ils sont au courant. Mais je trouve qu’il y a toujours une incommunicabilité dans l’acte de création qui fait que l’écriture reste une activité très solitaire et une expérience difficile à partager.

    Enfin, je te laisse le mot de la fin. Tu as carte blanche. Mais juste avant, je tiens à te dire que ça serait un plaisir de lire un autre roman rédigé par tes soins.

    Merci beaucoup ! J’espère pouvoir présenter bientôt d’autres écrits. J’espère aussi que ce mélange de science-fiction et de philosophie/réflexion sociétale à la croisée des genres plaira et trouvera son public !

    Le Site d'Audrey Pleynet

     

    La Page Facebook d'Audrey Pleynet


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :