• Bonjour Léonnic. Ce n’est pas la providence qui m’a guidé vers toi. C’est toi qui m’a trouvé sur la plateforme Simplement Pro, autrement, je l’avoue, honteux, je n’aurais peut-être pas lu Un secret halo de rose, ton livre car la couverture, le titre, bien qu’original, cela ne correspondait pas à mon genre de lectures visuellement. Comment te décrirais-tu d’ailleurs en tant qu’écrivain ?

    Bonjour Chris et merci pour cette opportunité que tu m’offres avec cette tribune. La première question est large ; toutes les suivantes permettront d’y répondre plus précisément. Disons en préambule que j’écris avec mon cœur et ma tête, avec sincérité et malice, pour décoiffer et distraire, tout en essayant humblement de distiller quelques messages subliminaux humanistes et sociaux qui me tiennent à cœur.

    Tu m’as repris sur mon blog en précisent qu’Un secret halo de rose n’était pas ton premier roman. Et en effet, tu avais écrit Moul€ Fric précédemment, que tu avais publié en 2007 si je ne me trompe pas, comment expliques-tu ce grand écart sur la ligne temporelle de ton activité d’auteur ?

    En réalité, le temps est passé si vite. Et je n’ai cessé d’écrire depuis ce premier roman publié en 2007. Tout d’abord, en 2008, une fiction loufoque et quasi pamphlétaire, intitulée Si tu annules tout je reviens, impliquant une personnalité politique (démasquable sans trop de difficultés) qui flirte avec les limites déontologiques et avec la compagne du personnage principal, et refaisant l’Histoire jusqu’à un SMS dont le contenu est le titre du livre. Pour ce texte, j’ai été reçu par le Directeur de collection d’une maison parisienne, j’y ai cru, mais l’essai n’a pas été transformé »« marché et actualité subitement saturés de textes autour de cette personnalité m’a-t-on finalement opposé ; mais je garde un très bon souvenir de ces échanges et me suis autoédité sur Lulu. En 2009, ma nouvelle Personne n’ira cracher sur nos tombes (cette année-là, on rendait hommage à Vian) a été retenue dans le cadre de l’Appel à Textes de SF organisé par les éditions Armada, dont l’objectif était de bâtir une Anthologie sur l’immortalité… mais il n’y a curieusement pas eu de suite après les premières relectures et corrections… à mon grand dam et à celui des treize autres lauréats. Dans ce texte, la monnaie d’échange était l’organe, et  l’immortalité devenait possible pour les plus riches d’entre nous : ceux qui avaient pu acquérir, stocker, placer des cœurs, cerveaux etc… en double voir en triple dans des banques d’organe.

     

    Ensuite, pendant plusieurs années, j’ai participé assidûment à divers concours de nouvelles, le format me convenait bien ; une de mes nouvelles intitulée Entre deux chaises a d’ailleurs été publiée en 2012 par les éditions du Désir dans le cadre d’un Appel à Textes sur le Père Lachaise (Recueil de nouvelles du Père Lachaise, Tome 1), j’ai aussi participé au Pépin, à des concours de poèmes, Short Edition, prix Agostino du polar, un concours sur un week-end autour du thème du courage (avec un texte intitulé Courage against the Machine, d’autres vraiment ludiques où il fallait partir d’une photo,  et j’en oublie… jusqu’à me relancer sur un projet de roman, avec Un secret halo de rose, car il fallait que ça sorte à nouveau, car j’ai eu l’énergie et le temps, car les conditions furent à nouveau réunies. Comme tu vois, j’écris tout le temps, et comme tu sais, ça ne se voit pas tant que pas de publication. De temps à autre je poste des textes sur un blog, pour qu’ils ne soient pas complètement perdus.

    Revenons en arrière. Quand as-tu commencé à écrire ?

    Après m’être fait tout un tas de films dans ma tête (j’ai un naturel rêveur et très imaginatif), je suis passé du ciné à l’écriture, avec constance et engagement, en 2006, à un moment où j’ai rencontré un passage professionnel difficile, et où j’étais en proie à quelques errements existentiels : bref, il m’a fallu combler un vide spirituel et essentiel. Je me suis alors essayé à des chroniques stylées sur l’actualité postées sur un blog pendant plusieurs mois. Mais cela ne m’a pas satisfait. Alors je me suis lancé dans un projet de roman, non autobiographique mais très personnel, Moul€ Fric, publié en 2007 par une maison choletaise, Les 2 Encres (je vivais alors l’Ouest de la France). J’y ai mis en scène 3 personnages aux environnements sociaux-culturels très différents qui finissaient par se ressembler, se cloner mentalement, sous l’effet du moule sociétal et de l’entreprise. L’édition fut une formidable expérience humaine pour moi ! J’y ai rencontré des passionnées du livre, dont une avec qui je suis toujours en contact. Le tirage de 500 exemplaires a été quasi épuisé je crois, ce qui est plutôt chouette, même si mes amis ont joué un grand rôle au départ (pour une centaine d’exemplaires). Le roman a été placé dans la sélection des Livres de Noël de l’Internaute en 2006, a été finaliste des concours du Léon et du premier roman de Draveil, et a reçu quelques critiques positives de presse (Le Berry républicain, Armor…). Depuis, je ne conçois plus de vivre sans écrire, des petits machins, des gros trucs, des bidules, en pièces détachées ou assemblables, recyclables ou pas.

    Si on peut supposer que tu as lu durant ta vie, as-tu entretenu un lien particulier avec la lecture au cours de ton enfance ? Quelques auteurs t’ont peut-être marqué ? Des genres de prédilection ?

    J’ai lu dans mon enfance, mais sans zèle particulier ; je l’ai consacrée à un fantasme : devenir joueur de tennis professionnel. J’ai échoué sur ce plan-là, plutôt loin du but, mais ça m’a dévoré au sens propre (la majeure partie de mon temps) et au figuré (ça a fini par m’abîmer la hanche). Alors j’ai lu bien sûr, ce qu’il fallait lire, mais aussi des textes à intrigues ou polars (enfant, les incontournables Daudet, La Fontaine, clubs des 5, puis, ado, A Christie, Boris Vian, Barjavel…), j’ai lu Pagnol aussi, et, davantage que le style ou l’intrigue, les romans qui m’ont vraiment marqué dans mon enfance furent les odyssées exceptionnelles : Vendredi ou la vie sauvage,  Croc-Blanc et Naufragé volontaire d’Alain Bombard, que je cite d’ailleurs dans Un secret halo de rose.  

    En revanche, depuis la fin de mes études (scientifiques), je lis vraiment passionnément et intensément. Essentiellement des romans contemporains. Je papillonne d’un style à un autre, en fonction de mon humeur du moment, comme tout lecteur j’imagine : en période sombre, je recherche des sources de réconfort et de la légèreté, et en période plus exaltée, j’ai besoin d’arduité. Quand un écrivain m’a emporté une fois avec une intrigue et un style, alors je deviens manichéen et lis l’ensemble de son œuvre. Mes auteurs de prédilection dont je guette les sorties : Jean-Paul Dubois, Olivier Adam, Michel Houellebecq, Philippe Djian. J’aime aussi beaucoup les textes de Delphine de Vigan, Nicolas Fargues, Tonino Benacquista. Cet été, j’ai découvert Au fond de l’eau de Paula Hawkins et Cataract city de Craig Davidson, deux romans exceptionnels. Quand j’ai besoin de me divertir, je peux prendre beaucoup de plaisir à lire des auteurs estampillés grand public comme Douglas Kennedy, Joël Dicker. Ou des polars de JC. Grangé ou B. Minier. J’adore les pavés de Jonathan Franzen, j’ai eu un coup de cœur pour un thriller, La ferme de Tom Rob Smith et pour Chaos calme de S Veronesi. Quand j’ai de la force, je peux aussi me plonger dans des textes plus personnels ou profonds, comme l’abolition de Robert Badinter. Charlotte de David Foenkinos m’a stylistiquement emporté. Certains compositeurs me font aussi vibrer, je frissonne et ressens des émotions intenses quand j’écoute Mokaiesh (que j’ai cité au début du roman), Dominique A, les derniers Arthur H, J Cherhal, la Grande Sophie, Camille, O Ruiz, E Loizeau, Noir Désir, Lavilliers, Bashung, Grand Corps Malade, Eddy de Pretto, Saez...

    Chaque auteur possède une source d’inspiration qui lui est propre. Certains ont besoin d’expier leurs souffrances quand d’autres rêvent de s’évader de notre monde. Quelle est ton étincelle ?

    J’essaie de ne pas expier mes souffrances dans mes écrits, tout au moins dans ceux qui sont destinés à être lus, car ce serait malveillant, et je ne ressens pas non plus le besoin de m’évader de mon quotidien ; mon moteur, c’est curieusement et tout simplement un besoin fort presque physiologique et irrationnel d’expiration, après l’Inspiration. Qui se manifeste sans prévenir. Un signal qui passe au vert. Un besoin subit (et subi) que ça sorte, de défendre une ou des causes, de transmettre un message, d’amuser, de choquer parfois, de titiller ; et de vivre une nouvelle aventure passionnante.

    Comptes-tu t’inscrire dans un genre spécifique et te plier aux règles parfois restrictives de certains univers ou bien envisages-tu de nager dans l’océan littéraire comme un électron libre n’écoutant que sa fibre intérieure ?

    Je navigue au quotidien dans un monde pétri de contraintes technico-financières, alors, non, je ne suis pour l’instant disposé à aucune concession dans mon cocon créatif.

    Un secret halo de rose n’est pas un choix de titre banal. Bien évidemment, il faut avoir lu le livre pour le comprendre. Toutefois, une question me brûle les lèvres. As-tu pensé à ce titre avant d’écrire ton roman ou une fois que tu l’avais rédigé et que tu avais donc tous les éléments à ta disposition pour te permettre de prendre la meilleure décision possible ?

    Halo de rose, je l’avais dès le début ; en revanche, j’ai longtemps cherché le nom épithète pour doubler le sens du titre. Et j’ai convergé sur secret, à la toute fin du récit.

    La psychologie est présente dans ce roman, et en particulier la science subtile qui semble lier un thérapeute à son patient. As-tu effectué des recherches ou puisé dans ton vécu personnel pour matérialiser ce dialogue docteur-malade ou as-tu simplement fait confiance à ton imagination et à ton intuition ?

    L’imagination m’a guidé vers des recherches plus approfondies. Je n’ai pas (encore) de vécu personnel dans ce domaine, peut-être par peur de fouiller et des conséquences que cela aurait de remuer trop de choses. Mais j’ai vraiment infléchi mon positionnement sur la Psychologie et n’affirme plus catégoriquement que je n’y aurai jamais affaire (plus jeune, par ignorance, je considérais cette « discipline » comme l’affaire de fous… et maintenant, presque comme l’affaire de tous).

    Mine de rien, et en dépit de sa couverture colorée, Un secret halo de rose est un livre qui parle longuement d’un sujet funeste, la mort. Et dans un contexte bien précis avec une raison qui fait souvent débat au sein de notre société et à l’occasion de réunions de famille le dimanche midi : les accidents imputés à la consommation d’alcool. Je n’ai pas envie de remuer le couteau sous la plaie, ou plus précisément la bouteille dans le bar, mais peut-on voir dans ce personnage hanté par la culpabilité un écrivain qui exorcise des plaies résultant de la vie réelle ?

    Non, par chance, je n’ai pas été confronté à cette situation dramatique dans mon cercle familial ou d’amis.

    Entre nous, en tant qu’amateur de foot et en particulier de l’OM, la séquence au bar avec le match de la remontada en arrière-plan, était-ce vraiment nécessaire ?

    Scénario oblige, il me fallait un événement rassembleur qu’un des personnages pourrait utiliser afin de masquer le véritable mobile de sa présence à cet endroit. J’ai choisi celui-là, car il s’est imposé dans l’actualité au moment où j’écrivais ce passage. Et aussi car j’ai vraiment vibré en regardant les deux matchs, même si ne suis pas supporter du PSG (suis nostalgique des années OM entre 88 & 93… allez, je l’avoue, en coupe d’Europe, je suis chauvin et j’ai supporté inconditionnellement Bordeaux, Auxerre, Lyon, Toulouse, Nantes lors de leurs épopées).

    As-tu utilisé un plan soigneusement détaillé pour construire ta fiction ou t’es-tu laissé guider par ton intuition pour broder au fur et à mesure que tu donnes vies à des chapitres et à des personnages ou à des situations auxquels tu n’avais pas forcément pensé ?

    Les trois parties majeures (« L’autopsy vile », « l’odyssée leste », « la traversée satanique ») étaient les fondations du récit, définies au tout début ; et à l’intérieur de chacune d’elles, j’ai bien sûr brodé et tiré les ficelles au fil de l’écriture.

    En-dehors des thèmes que tu as abordés dans ta fiction, il faut reconnaître que tu as apporté un soin particulier à la forme de ton texte. Métaphores, jeux de mots, comparaisons, et j’en passe, tu nous as offert un vrai festival de maîtrise de la langue française, parfois au détriment de l’intrigue, de mon point de vue de lecteur. Es-tu exigeant sur le plan du vocabulaire et de la syntaxe ou bien est-ce simplement naturel chez toi ? En somme, tu écris comme tu penses ?

    Je peux devenir fou en cherchant un mot, je ne peux écrire sans dictionnaire des synonymes accessible et, oui, j’en fais peut-être un peu trop. Je suis attaché aux cultures régionales, aux langues locales, à tel point que l’hégémonie de la langue anglaise m’effraie, c’est une atteinte majeure à la Culture (qui connaît Glenmor aujourd’hui ?), même si les traducteurs réalisent des prouesses. Alors, je reconnais qu’il m’amuse de concevoir des phrases qui ne sont pas traduisibles (dont la traduction ne pourrait avoir le même sens ou impact dans une autre langue).

    Et aussi, je me mets beaucoup de pression sur chaque phrase pour une raison idiote : j’ai toujours pensé qu’il fallait taper à l’œil d’un éditeur qui lirait en diagonale ou ouvrirait une page au hasard… mais pour le lecteur qui lit le texte dans son intégralité, je reconnais que cela peut être surprenant, voire déconcertant.

    Tout ceci étant dit, dans Un secret halo de rose, cette exubérance stylistique sert l’intrigue et la chute (et je trouve, que cela encourage une deuxième lecture J)

    Si je ne me fourvoie pas, Un secret halo de rose a été édité par une petite maison qui a pour but de promouvoir des auteurs indépendants : Prem’Edit. Peux-tu nous en dire davantage et nous expliquer brièvement le fonctionnement de la maison en évoquant notamment les différentes formes de soutiens qu’elle a pu t’apporter dans la finalisation de ton roman ?

    Déjà, le fait que le texte ait été lu et retenu par plusieurs lecteurs (le processus de sélection de Prem’Edit implique un comité de lecture citoyen de cent-vingt personnes) procure une petite satisfaction, un sentiment de légitimité plus fort que le retour d’un proche sur un manuscrit.

    Une fois sélectionné, mon texte a été jugé abouti : je n’ai pas subi de demande majeure de modification, et j’ai pu faire les fignolages que je souhaitais, librement, jusqu’au BAT. C’est appréciable.

    Ensuite, concernant la couverture, j’ai fourni l’illustration (aquarelle faite par mon beau-père, comme pour Moul€ Fric) et Prem’Edit a réalisé la mise en page, je la trouve réussie.

    Dès la publication, Prem’Edit m’a fourni un format ePUB pour que je puisse le soumettre à des chroniqueurs (sur la plateforme Simplement Pro sur le conseil d’une auteure de Prem’Edit qui nous a tous mis en relation via un groupe privé Facebook) et a préparé un communiqué de presse, mais la maison étant encore jeune, le réseau reste à construire, c’est donc un peu tôt pour faire un retour sur la promotion et la diffusion.

    Comment vis-tu ton activité d’auteur ? L’exerces-tu uniquement cachée derrière ton écran d’ordinateur comme je l’ai longtemps fait ou vas-tu dans des salons à la rencontre du lecteur ?

    Je suis d’un naturel communicant, pour Moul€ Fric, j’avais fait quelques salons et c’était vraiment excitant de rencontrer voire de convaincre des lecteurs potentiels d’acheter, puis de recevoir leurs impressions après lecture. Mais c’était il y a dix ans, et depuis, je me suis laissé dire que la révolution technologique était entrée en Littérature : les réseaux sociaux sont omniprésents, des booktubers vivent de leurs activités… bref, je ne sais pas trop comment m’organiser et m’y prendre pour faire connaître le roman mais suis ouvert à tout. J’avance au jour le jour. Je compte beaucoup sur le hasard. Et les belles rencontres. Comme la nôtre ;-)

    Ressens-tu une émotion particulière lorsque quelqu’un lit un de tes livres ou lorsque tu découvres une chronique ?

    Ah oui ! Je suis vraiment très ému… et attentif. Je sais qu’Un secret halo de rose est un roman clivant… qui peut plaire mais aussi lasser. Autant lors de mon premier roman, j’avais veillé à ne décevoir personne, à arrondir des angles que j’avais aiguisés en première intention, au risque de me compromettre un peu (ne pas vouloir déplaire n’a jamais garanti de plaire), autant là je ne me suis pas bridé sur le style et les égarements volontaires ; j’ai conscience que le récit peut surprendre voire agacer, alors forcément je guette les retours.

    As-tu un lecteur privilégié dans ton entourage ?

    J’en ai plusieurs, j’ai cette chance, dans le cercle familial, mais ce n’est jamais évident de savoir interpréter leurs remarques et de les prendre en compte pour faire progresser un texte.

    Si tu étais un livre, ou un personnage de roman, qui serais-tu Léonnic Asurgi ?

    Si j’étais un personnage, je serais sans aucun doute un mélange de Samuel Polaris (ou de tout personnage de JP Dubois) pour son côté obsessionnel, un peu dérangé, plutôt rigolo (souvent malgré lui) et du personnage principal de Je vais mieux de D Foenkinos pour cette anxiété qu’il combat au quotidien. Maintenant, qui j’aimerais être ? Si j’étais un livre, je rêverais d’être le polaroman La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil de S Japrisot, pour son inclassabilité et sa détermination ostensible à ne rentrer dans aucune case (suis un tantinet claustrophobe…).

    L’écriture est-elle ton activité principale ? Exerces-tu une profession ou d’autres passions ?

    Je regarde amoureusement ma fille grandir, je suis ingénieur dans l’Industrie, j’ai repris le tennis en compétition depuis une opération salvatrice de ma hanche (qui a eu lieu le fameux jour du match de la remontada et dont la convalescence m’a permis de finaliser le roman) et, donc, « heureusement », les caprices de mon sommeil détraqué m’offrent la possibilité d’écrire.

    Être auteur ou écrivain est un métier particulier, comment cela se passe-t-il avec ton entourage ? Il te soutient et s’intéresse à ton travail ?

    Mon entourage est compréhensif, m’encourage, me relit, me critique, pas toujours positivement, ce qui est une chance. Je pense même avoir transmis le virus de l’écriture à ma fille.

    Tu le sais aussi bien que moi : écrire implique une gestion des priorités et du temps minutieuse et hyperactive : je reste vigilant à ne pas troubler l’équilibre familial.

    Enfin, je te laisse le mot de la fin. Tu as carte blanche.

    Nous ne nous connaissons pas encore, mais tes questions sont malicieusement séquencées, éloquentes de personnalisation au texte que tu as lu, avec sensibilité, elles mettent en avant ta générosité, ton altruisme et une forte empathie. Alors je saisis cette carte blanche pour te dire merci, et aussi pour un défi, lancé à tout lecteur de cette page : en l’honneur de Chris, de son site, et aussi en clin d’œil à tous ces auteurs de l’ombre que nous sommes, merci de la faire rebondir le plus possible : la liker, la tweeter, la re-tweeter… et m’empresse de ce pas d’aller désormais piocher une autre Carte, Noire celle-ci (besoin de caféine, là ;))

    Pour l'anecdote, Léonnic Asurgi me l'a confié. Tel Batman, il porte un masque, à savoir son nom d'auteur, un pseudonyme qui s'avère être un mystérieux anagramme. 

    N'hésitez pas à découvrir la plume de Léonnic Asurgi avec ce texte très court :

    Footaises, Léonnic Asurgi

    Le site de Léonnic

    La page Amazon de Léonnic

    Textes de Léonnic sur Short-Edition


    1 commentaire
  • Bonjour Florence. C’est le hasard qui m’a guidé vers ta page Amazon et mon sens du goût, plus précisément, qui m’a incité à choisir l’un de tes livres, Les sept pierres de vie : Mémoire Perdue, le premier tome d’un cycle qui s’inscrit dans le genre de la Fantasy. Si tu le veux bien et si tu me permets de te tutoyer, on ne va pas perdre de temps et entrer directement dans le jeu des questions et des réponses.

    Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots, ou en quelques phrases si tu es loquace, et nous donner une idée de qui est Florence Jouniaux.

    Je suis mariée, ai trois enfants et je viens d’avoir un petit-fils !  Je suis quelqu’un de passionné qui prend à cœur son métier d’enseignante de lettres classiques. « Carpe diem » est une devise que je tâche d’appliquer au quotidien ainsi que « mens sana in corpore sano » :  je fais donc du sport ! J’aime beaucoup les langues dont je me sers dans mes romans en utilisant les différentes racines pour former de nouveaux mots, voire de nouvelles langues.

    Ensuite, parlons de ton lien avec l’écriture. Quand as-tu commencé à écrire ?

    J’ai commencé à écrire il y a une dizaine d’années, une expérience incroyable ! Un début de chapitre m’est venu à l’esprit trois soirs de suite. Le troisième soir, je me suis relevée et ai commencé à écrire sur papier, les mots venaient tout seuls, je n’avais aucune trame au début. J’ai écrit ainsi quatre-vingt pages avant de décider que ce roman deviendrait une trilogie (c’était de la fantasy) et que je devrais le taper à l’ordinateur si je voulais que mes proches me lisent, pour commencer. L’objectif était d’avoir un « produit fini ». J’ai terminé le premier tome en moins de quatre mois. J’écrivais tout le temps et partout !

    Si on peut supposer que tu as lu des livres fantasy, as-tu entretenu un lien particulier avec la lecture au cours de ton enfance ? Quelques auteurs t’ont peut-être marquée ?

    Depuis toute petite, je dévore les livres. A l’adolescence, Tolkien m’a marquée, puis ce fut Robin Hobb, Herbert, Dan Simmons, Robert Jordan, David Eddings, Bernard Simmonay… La liste est longue !  Evidemment, j’ai lu tous les classiques (Zola, Balzac, Maupassant, Stendhal, Racine aussi etc) et la littérature étrangère, des auteurs grecs et latins en passant par les russes, dont l’un, contemporain, me plaît beaucoup pour sa sensibilité : Sacha Isaïn. J’aime aussi les romans historiques qui m’emmènent dans l’Egypte ancienne ou au moyen-âge, ainsi que les policiers, dont les romans de Frank Thilliez.

    Chaque auteur possède une source d’inspiration qui lui est propre. Certains ont besoin d’expier leurs souffrances quand d’autres rêvent de s’évader de notre monde. Quel est ton moteur ?

    Clairement, j’écris avant tout pour m’évader, soit dans des univers imaginaires, soit dans l’espace et/ou le temps, d’où mon goût pour les romans historiques et la science-fiction. Je viens d’ailleurs de finir une trilogie d’un jeune auteur que je conseille, Bastien Pantalé.

    J’ai vu que tu as écrit plusieurs livres. Chacun de tes ouvrages semble se situer dans un univers assez proche. As-tu trouvé ton genre de prédilection ou t’imagines-tu, à terme, exercer ta plume dans un cadre différent ?

    J’ai écrit deux trilogies fantasy mais aussi deux romans historiques. Je viens de terminer un roman de science-fiction –une dystopie- et si mon genre préféré reste la fantasy, j’aimerais écrire d’autres romans historiques, du théâtre aussi peut-être. C’est l’inspiration qui décidera.

    Les sept pierres de vie : Tome 1 – Mémoire Perdue présente le parcours d’un homme particulier qui a perdu la mémoire et qui sillonne le monde dans lequel il vit, à la recherche de son passé, de son identité et d’un but. Il s’agit d’une vraie quête individuelle. D’où t’es venue cette idée ?

    La question est difficile ! Je pense que l’inspiration demeure un mystère. Ce qui est sûr, c’est qu’un auteur écrit par rapport à sa vision du monde et ses ressentis. Les lectures du moment et même les séries ou films qu’il regarde peuvent faire jaillir une idée, sans d’ailleurs qu’il en ait forcément conscience. De même, ses personnages ont forcément une part de lui, mais c’est un savant mélange.

    La magie est également présente dans ton roman. Avec subtilité, cependant. Pas d’artifices grandiloquents à la J.K. Rowling mais tout de même chamanisme et sorcellerie sont utilisés avec efficacité. J’ai cru déceler une inspiration dû au patrimoine celtique mais je peux me tromper. Peux-tu nous éclairer sur ton lien avec toutes ces pratiques « occultes » si tu m’autorises cette expression un peu cavalière ?

    Les sciences occultes m’ont toujours fascinée, mais surtout les capacités inexploitées du cerveau humain (télépathie, télékinésie, lévitation etc). D’ailleurs, je pratique le reïki (« force de vie » en japonais) qui agit sur les chakras et permet de « réparer », dans une certaine mesure, les déséquilibres de notre énergie.

    Mémoire perdue est le premier tome d’une saga dont tu as déjà publié trois tomes. Le livre est conséquent et pose les bases d’un univers riche en personnages et en lieux. As-tu une idée précise du reste de la saga et combien de tomes comptes-tu écrire ?

    Mes trois tomes forment une trilogie achevée.  Mais j’ai prévu d’écrire une suite et même les « préquelles ». Je suis loin d’avoir exploité tous les mondes et créatures que j’ai inventés, je reste donc sur ma faim.

    D’ailleurs, as-tu déjà le dénouement final en tête ?

    Pour la suite, je n’ai pas encore le dénouement.

    Utilises-tu un plan soigneusement détaillé pour construire ta fiction ou te laisses-tu guider par ton intuition pour broder au fur et à mesure que tu donnes vies à des chapitres et à des personnages auxquels tu n’avais pas forcément pensé ?

    Contrairement à Flaubert et à ma pratique d’enseignante, je pars d’une idée centrale, d’un personnage, et je me laisse emporter par mon intuition et mes protagonistes. En revanche, j’ai plusieurs fichiers : l’un où j’établis des fiches personnages très détaillées, l’autre où  je résume chaque chapitre.

    J’ai noté également que la rencontre était au cœur de ton livre. En effet, Martin, le personnage principal, voit sa quête avancer grâce aux nombreuses rencontres qu’il fait. Je dois avouer que j’ai aimé ce concept, au début, mais que par la suite, je m’en suis lassé, j’ai trouvé que ce processus se répétait trop. Mais c’est subjectif. En outre, peux-tu nous dire s’il s’agissait bien d’un thème qui te tenait à cœur ?

    Au travers de mes nombreuses lectures fantasy, j’ai aimé que la quête du héros soit marquée par ses différentes rencontres (adjuvants ou opposants). C’est sans doute la raison pour laquelle je reproduis ce processus. Dans la vraie vie, je pense aussi qu’on se construit par rapport à notre environnement et nos rencontres.

    Je n’ai pas pris le temps de vérifier pour chacun de tes livres mais si je ne me trompe pas, tu as pris le choix de publier toi-même tes livres. Y a-t-il une raison particulière ? Comptes-tu retenter le choix de l’auto-édition à l’avenir ?

    Au début, très naïve, j’ai envoyé le premier tome de ma première trilogie à des éditeurs connus, en format papier. N’obtenant pas de réponse positive, j’ai décidé de me tourner vers l’édition sur internet avec Publibook et ai finalement opté pour Amazon : les deux ne sont pas satisfaisants pour la promotion, j’en suis consciente. Et comme je travaille à plein temps, je n’en ai guère pour m’en occuper et encore moins pour aller démarcher les maisons d’édition. L’idéal serait qu’un éditeur découvre et apprécie mes romans, on peut rêver !

    Comment vis-tu ton activité d’auteur ? L’exerces-tu uniquement cachée derrière ton écran d’ordinateur comme je l’ai longtemps fait ou vas-tu à des salons ? Vas-tu à la rencontre du lecteur ?

    J’ai participé en effet à des salons : deux fois à Genève et chaque année avec la Société des Auteurs Savoyards dont je fais partie. J’ai aussi donné des dédicaces en librairie. Ces rencontres sont en effet importantes, même s’il devient de plus en plus difficile de vendre un livre papier : c’est un investissement que beaucoup de gens n’ont pas (ou plus) envie de faire. Il n’est pas rare qu’à la fin de la présentation  d’un de mes romans, la personne me dise que ça l’intéresse mais qu’elle a déjà trop de livres ! Ou encore, que mon livre est trop gros, ou pire, qu’elle n’aime pas lire !!!

    Ressens-tu une émotion particulière lorsque quelqu’un lit un de tes livres ou lorsque tu découvres une chronique ?

    Oui, bien sûr ! J’ai eu énormément de retours positifs sur mes romans et j’avoue que c’est une vraie récompense ! Un adolescent m’a dit que je lui avais donné envie de lire, une lectrice m’a complimentée sur mon style qui lui faisait penser à de la musique et m’a finalement acheté tous mes romans ce jour-là, après avoir commencé celui qu’elle avait acheté le matin même dans ce petit salon de province.

    As-tu un lecteur privilégié dans ton entourage ?

    J’ai une amie, oui, et aussi mon fils aîné qui a un œil critique acéré ! Heureusement, car je me laisse parfois emporter par mes personnages au détriment du rythme du roman. Des coupes s’imposent, ou au contraire, plus de précisions.

    Si tu étais un livre, ou un personnage de roman, qui serais-tu Florence Jouniaux ?

    Une question qui demande réflexion ! Le choix est difficile… Eléa dans La Nuit des temps pour l’amour qu’elle vit avec Païkan, ou Katniss dans Hunger games pour son courage, ou encore Heina, la Reine du Peuple des Arbres dans le premier tome de ma trilogie Les Sept Pierres de vie pour sa beauté et sa sagesse.

    L’écriture est-elle ton activité principale ? Exerces-tu une profession ou d’autres passions ?

    Non, car mon métier de professeure au lycée me prend beaucoup de temps et d’énergie mais je m’efforce de faire du sport et je chante dans une chorale (du classique), je prends aussi des cours de chant lyrique. En outre, comme j’aime m’évader et m’aérer l’esprit, je regarde beaucoup de séries sur Netflix comme « House of cards »« Orphan Black », « La servante écarlate », « Games of thrones » (dont j’ai lu l’intégrale avant  de voir l’adaptation), et bien d’autres ! J’écris donc le soir, tous les soirs les premières années, moins depuis un an. Mais je ne pourrais plus vivre sans l’écriture, cela est sûr !

    Être auteur ou écrivain est un métier particulier, comment cela se passe-t-il avec ton entourage ? Il te soutient ?

    Dans l’ensemble, oui, sauf quand je regarde une série d’un demi-œil et que je demande ce qui s’est passé.  Mon conjoint m’envoie souvent sur les roses ! Est-il parfois jaloux du temps que j’accorde à mes personnages ?

    Enfin, je te laisse le mot de la fin. Tu as carte blanche.

    L’écriture m’apporte beaucoup, c’est une palette d’émotions et de paysages avec laquelle je joue. Elle ne va pas sans la lecture. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils perdent quand ils ne lisent pas…  Je découvre, grâce à Facebook notamment, de nombreux auteurs de talent, qui, comme moi, sont auto-édités et avec qui nous échangeons. Je déplore que les maisons d’édition soient aussi frileuses et que sous prétexte qu’ils sont connus, des gens sans aucun talent soient publiés pour raconter leurs déboires ou étaler leur vie…

    J’écris pour mon plaisir, et fort heureusement, cela ne changera pas. Bien sûr, si un jour une maison d’édition me contactait, j’en serais ravie !

    La page Amazon de Florence Jouniaux


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  • Titre : Cinq Minutes : Et si elles faisaient la différence ?

    Auteur : Pascale Marie Quiviger

    Genre : Nouvelles contemporaines

    Nombre de pages : 226

    Numérique : 2,99€ Broché : 7,91€

    Ma note : 15/20

     

    Je dois vous avouer que lorsque l'auteure m'a contacté sur Simplement Pro, je n'ai pas hésité longtemps avant d'accepter le partenariat. La couverture est franchement réussie et le synopsis est plutôt alléchant. Merci à Pascale Marie Quiviger pour sa confiance et en avant le syno !

    5 petites minutes... percutantes comme une gifle, tragiques, drôles ou heureuses, elles surgissent inopinément dans nos vies et laissent une empreinte indélébile. Et si une de ces histoires était la vôtre ?
    À travers un regard distancié, intense, parfois drôle mais toujours émouvant, l'auteur nous offre ici des fragments de vie autour d'une seule thématique : 5 minutes dans une vie.
    Une belle leçon de vie dont vous ne ressortirez pas indemne.

    Au moment de me lancer dans cette lecture, je ne savais pas forcément à quoi m'attendre. En effet, entre le moment où j'étudie une demande, je découvre le pitch de l'histoire et celui où je débute le roman, il y a un certain délai qui se passe et je n'ai plus en tête le synopsis. Et cela me va très bien car j'aime bien ne pas trop en savoir sur l'ouvrage sur lequel mon attention va se cristalliser. Pour corroborer l'impression procurée par le synopsis, le récit s'articule autour de plusieurs histoires courtes mais relativement denses qui se complètent et forment un ensemble cohérent. Chacune d'elles évoque le moment crucial dans l'existence d'un individu où sa vie prend une toute autre dimension. Et ceci en cinq minutes, donc.

    Sur le plan personnel, je crois au karma, à la destinée et je suis persuadé que rien n'arrive par hasard. Tout en admettant que l'on est responsable de nos propres choix et de l'écriture de notre légende personnelle. Néanmoins, quand on observe le détail de nos existences, on peut remarquer parfois certains événements en apparence anodins qui changent le cours de nos vies. Il s'agit bien souvent de détails superficiels et pourtant... Je dois donc reconnaître que même si j'ai pris mon temps pour lire ces petites histoires, j'ai pris beaucoup de plaisir à le faire. La démarche de l'auteure m'a semblé originale et j'ai apprécié la manière dont elle l'a mise en forme. Cohérence, légèreté et humour sont des ingrédients qui permettent d'adoucir le caractère parfois lourd sur le plan émotionnel de certaines histoires.

    Je n'ai pas en tête la liste de tous les événements décrits par madame Quiviger mais elle s'est intéressée à des thèmes divers et variés. Pêle-mèle, on découvre le ressenti du futur marié lors des minutes fatidiques avant le moment charnière de la cérémonie, ainsi que celui de la future mariée dans le même contexte, on a également le point de vue d'une célibataire peu en confiance qui se livre au jeu du speed-dating : elle a devant elle cinq minutes pour séduire et être séduite ; il y a le cas de cette automobiliste en retard au travail qui va voir son existence être bouleversée par un simple fait de circulation... Et j'en oublie d'autres... De nombreux thèmes sociétaux sont ainsi abordés. La volonté de l'auteure semble claire : elle veut nous faire réfléchir, mais aussi sourire quand elle a recours a des calembours pour détendre l'atmosphère. La plume de madame Quiviger est donc agréable même si tous les jeux de mots ne m'ont pas fait rire et si je n'ai pas toujours été convaincu de l'utilité de certaines tournures. À en faire trop, parfois... Mais bon, je chipote car j'ai vraiment apprécié cette lecture qui m'a fait sortir de ma zone de confort habituelle. Comme c'est souvent le cas avec les auteurs que je découvre par l'intermédiaire de la plate forme Simplement Pro.

    Certes, il n'y avait pas d'intrigue comme je les aime mais il y avait de l'humour, de la réflexion, de l'imagination et un vrai moteur derrière la construction de ce recueil qui a été inscrit au concours des Plumes Francophones. Mince, Pascale Marie Quiviger, cela fait de nous des concurrents ;)

    Bon joueur, je souhaite tous mes meilleurs vœux de réussite à l'auteure et à son livre.

    Jetez un œil sur la page amazon de l'écrivain qui a un parcours, semble-t-il, intéressant :

    Pascale Marie Quiviger sur Amazon

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  • Titre : Pourpre

    Auteur : Sylvie Grignon

    Genre : Thriller/Policier

    Éditeur : Évidence Éditions

    Nombre de pages : 272

    Numérique : 5,99€ Broché : 15€

    Ma note : 14/20

    En premier lieu, je tiens à remercier Sylvie Grignon pour l'écriture de ce roman palpitant et sa maison, Évidence Éditions, pour la concrétisation de ce partenariat. Pour une fois, la demande de chronique était de mon initiative car la couverture, et notamment les symboles qui y apparaissent, me plaisait et parce que l'intrigue avait notamment pour cadre Rennes-le-Château, un village que j'ai déjà visité à quelques reprises et qui m'avait tapé dans l’œil. Syno.

    En plein cœur du pays des Corbières, des enfants sont retrouvés sur un puits, morts. Les cadavres s’empilent autour de Rennes-le-Château. Appelé à la rescousse, l’inspecteur Antoine Bourgnon rejoint la SRPJ de Montpellier. Des symboles relient toutes les victimes.

    Une ancienne affaire non résolue refait surface. Quel secret se cache derrière une industrie pharmaceutique ? Antoine Bourgnon y perd son latin. Va-t-il réussir à assembler toutes les pièces du puzzle sans y perdre son âme ?

    Je dois vous avouer que je n'ai réalisé qu'à la fin de ma lecture que Pourpre faisait non seulement partie d'une série de polars mais surtout qu'il en était le dernier volet. Force est de reconnaître que je vais commencer par une force de ce livre : il se suffit à lui-même et l'on peut ne pas avoir lu ses prédécesseurs pour se pencher dessus. Pourpre est donc une occasion de découvrir la plume de Sylvie Grignon.

    En lisant ce livre, j'ai cru déceler plusieurs intentions de la part de l'auteur. D'abord, j'ai senti par moments sa volonté de partager son amour et ses connaissances pour le patrimoine historique de Rennes-le-Château mais aussi de Carcassonne et de l'ensemble des sites qu'elle pouvait évoquer. Avec subtilité, sans trop en faire et sans nous assommer. Cela aurait peut-être mérité parfois un peu plus de détails mais passons.

    Malgré le contexte sombre de l'intrigue, j'ai également senti le désir de l'auteure de s'amuser et notamment de jouer avec ses personnages policiers en les humanisant et en les montrant comme des hommes et femmes semblables à tout le monde, capables d'êtres choquées, émues et n'hésitant pas à se prêter au jeu de la séduction ou à se laisser à l'humour. J'ai trouvé qu'il s'agissait d'une force du livre mais aussi d'une faiblesse, et c'est le lecteur qui choisira selon ses goûts et sa personnalité comment il le perçoit. Personnellement, j'ai trouvé qu'il y avait un côté Grey's Anatomy mais dans l'univers policier un peu trop appuyé avec une multitude de personnages. Je n'ai pas toujours été convaincu par le réalisme des réactions de ces policiers alors qu'ils faisaient face à un meurtrier redoutable, impitoyable et remarquablement intelligent. On a parfois l'impression qu'ils étaient en colonie de vacances quand même alors qu'ils avaient constamment plusieurs wagons de retard sur le tueur. L'expérience, la maturité et la sérénité sont des qualités que j'imagine chez des enquêteurs travaillant sur de telles enquêtes. Maintenant, tout dépend des attentes du lecteur. Celui qui veut un bon polar sans se prendre la tête, il s'y retrouvera, celui qui veut quelque chose de vraiment noir et réaliste, je ne suis pas sûr qu'il y trouvera son compte. Ce sont dans les détails que naissent les atmosphères des romans et je pense qu'il n'aurait pas fallu grand-chose à ce récit pour l'assombrir quelque peu.

    Néanmoins, Sylvie Grignon a eu le souci de construire une intrigue bien ficelée et on sent peut apprécier le travail d'imagination et d'organisation de son plan qui l'a amené à nous délivrer une histoire où j'avoue ne pas avoir découvert le fin mot de l'histoire. En outre, j'ai apprécié le soupçon d'ésotérisme et de sciences qu'elle a conféré à son histoire. Au contraire des expressions données à ses personnages, j'ai trouvé le cœur de son intrigue très convaincant. La seule ombre au tableau concernant l'histoire résiderait, selon moi, dans la manière d'amener le dénouement. J'ai trouvé que cela faisait trop descriptif et qu'il a manqué un peu d'action et de rythme pour faire crépiter le feu de l'angoisse qui nous pousse à tourner les pages avec avidité.

    En outre, en faisant abstraction des aspects narratifs de l'oeuvre, on peut également souligner les intentions qui se cachent, pas forcément délicatement entre les lignes. de nombreux thèmes sont abordés et malgré le contexte macabre qui permet à l'histoire de naître, on sent un profond goût de l'auteur pour la tolérance, le respect, ou la compassion. de nombreux thèmes sont abordés et notamment l'amour et la différence.

    En somme, une bonne surprise, un bon polar qui se laisse lire rapidement, sans difficulté, porté par une plume pas forcément d'un niveau soutenu mais qui se veut accessible et agréable. Reste à voir si elle saura trouver son public.

    Merci à Sylvie et à Évidence Éditions.

    Sylvie Grignon sur Amazon

    Évidence Éditions


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  • Titre : Un secret halo de rose

    Auteur : Léonnic Asurgi

    Genre : Contemporain

    Nombre de pages : 170

    Edition : Prem'Edit

    Numérique : 7€ Broché : 17€

    Ma Note : 15/20

    Tout d'abord, je tiens à remercier Léonnic Asurgi pour m'avoir confié son roman que l'on peut considérer, sans nul doute, comme un Ovni. Certes, le livre ne vole pas mais ses lignes m'ont fait planer. Par intermittence tout du moins. Syno.

    « Je me sens bien, animé d’un sentiment de plénitude. Les yeux plissés en guise de protection solaire, je respire profondément, hyperventilé, et tout un tas de fictions et scenarii me pénètrent, me traversent, se bousculent. L’inspiration revient comme un cheval au galop, à la vitesse de la marée montante. Je médite. Je somnole. 
    Je m’évade, néo adepte de contemplation. Je platonise. La journée a fusé, si j’en crois le ciel qui commence à rosir, formant des halos entre ciel et mer, entre chien et loup. Sans emphase il y a encore peu de temps, je suis désormais en phase de réanimation. Sans envie il y a si peu de temps, je suis désormais en vie. » 
    Ronan est en détresse depuis la mort de son meilleur ami. Un banal accident de la route aux abords d’un rond-point damné. Que s’est-il vraiment passé ce soir-là ? Ronan ne sait plus très bien. Pourtant, il était aussi dans la voiture. Depuis, ses souvenirs s’entrechoquent, brouillent sa mémoire et les pistes, le mènent à l’impasse. Harcelé par le père du défunt, otage de ses propres démons et hallucinations, lâché par son psy, il s’exile alors sur le phare de la Vieille, au large de la pointe du Raz, où il vivra une odyssée aussi salvatrice qu’extraordinaire, aux confins de l’irréalité.

    Lorsque j'arrive à la fin d'un roman et que se dresse enfin le portrait complet de l'oeuvre de son rédacteur, je perçois enfin l'essence qui a animé l'artiste créateur. Du moins, je le crois. Cependant, un problème se pose parfois à moi dans le domaine de la littérature, un conflit qui englobe aussi bien l'écriture que la lecture. Il faut arriver à confondre le fond et la forme pour ne voir plus qu'un seul bloc. Et ce n'est pas toujours évident. Autant vous le dire, la plume de Léonnic Asurgi est admirable, chatoyante, teintée d'humour et de références, parfaitement maîtrisée et ponctuée par un vocabulaire soutenu. Amateurs de la langue française, jetez-vous sur ce livre, ce n'est pas un conseil, c'est un ordre !

     

    Toutefois, j'ai été désarçonné par cette qualité époustouflante de l'auteur quand il s'agit d'écrire, de devoir inventer des expressions imagées pour appâter le lecteur, en particulier dans le cœur de l'ouvrage. Pourquoi me direz-vous ? Car j'ai eu la sensation que cette plume n'avait pas pour vocation de soutenir une intrigue rondement ficelée. Les phrases étaient belles mais elles ne portaient pas de suspense et n'assoiffaient pas le lecteur de ce désir insoutenable de lire encore et encore et encore... Je ne voyais rien d'autre qu'une forme de masturbation syntaxique, grammaticale et orthographique... C'est du moins ce que j'ai pensé pendant certains chapitres où j'ai été gagné progressivement par l'ennui, et cela en dépit du caractère attachant et désopilant du personnage principal, notamment quand il était le narrateur. Soit dit en passant, c'est très personnel mais je ne suis vraiment pas à l'aise avec cette manière de changer de narrateur selon les chapitres.

    Mais n'allez pas croire que mes impressions étaient fondées. L'intrigue, elle était bien là. Il ne s'agissait pas juste d'une crise existentielle de la part de l'auteur ou d'une volonté de son géniteur de s'exorciser de maux qui le taraudent comme j'ai commencé à le penser. Au moment où je me lassais de plus en plus, l'intrigue est revenue. Comme par magie. Et même si j'ai cru deviner les grandes lignes du dénouement, je me suis surpris à enchaîner les derniers chapitres.

    Les entrevues de Ronan avec son psychiatre, Goulien, avaient donc un but scénaristique. Tout était limpide, tout se tenait. Oui, car j'aurais dû vous le préciser avant mais le récit s'articule autour d'un homme brisé, d'un homme qui a perdu son meilleur ami et qui semble n'avoir jamais eu la vie comme alliée. Ainsi, on le suit au cours de son traitement psychiatrique avec un spécialiste et on découvre avec lui sa folie qui le ronge de l'intérieur.

    En outre, Léonnic Asurgi semble vouloir nous prodiguer de sa vision de l'univers psychiatrique. Il nous offre un portrait que j'ai d'ailleurs déjà esquissé lorsque je me suis interrogé sur ce monde. Et je dois avouer que plus j'y pense, plus j'aime sa manière loufoque d'aborder le sujet. J'aime Ronan, j'ai envie de l'aider et de l'encourager. Moi aussi, j'ai envie de retrouver cet éléphant rose qui l'empêche de retrouver la sérénité. Ce qui me fait rappeler un détail qui n'est pas un, le thème principal de cette fiction : la mort et plus précisément le deuil. L'intrigue est parfois secondaire, l'instrument qui sert véritable cause de l'auteur, et cela ne m'a pas échappé. Un secret halo de rose trouble notre réflexion quant au chagrin que l'on peut ressentir à l'endroit d'un proche mais surtout de la culpabilité qui peut en découler lorsque l'on est concerné par ce drame. 

    Pour conclure, je dois avouer que j'ai ressenti différentes sensations au cours de cette lecture. Malheureusement, l'ennui en a fait partie. Mais je suis resté tout de même sur une impression positive, captivé notamment par les quarante dernières pages. Et je ne veux pas me répéter mais quel style ! Cet écrivain a du style, il faut le dire, le redire et le marteler jusqu'à ce que cela entre dans les crânes. Il est juste regrettable que l'intrigue ait semblé perdre en intensité et en cohérence au moment où l'on doit au contraire s'immerger dans l'histoire qu'on nous propose.

    Un secret halo de rose sur Amazon

    Le site de Léonnic Asurgi


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