• Interview : Florence Jouniaux, une auteur érudite à la prose enthousiasmante

    Bonjour Florence. C’est le hasard qui m’a guidé vers ta page Amazon et mon sens du goût, plus précisément, qui m’a incité à choisir l’un de tes livres, Les sept pierres de vie : Mémoire Perdue, le premier tome d’un cycle qui s’inscrit dans le genre de la Fantasy. Si tu le veux bien et si tu me permets de te tutoyer, on ne va pas perdre de temps et entrer directement dans le jeu des questions et des réponses.

    Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots, ou en quelques phrases si tu es loquace, et nous donner une idée de qui est Florence Jouniaux.

    Je suis mariée, ai trois enfants et je viens d’avoir un petit-fils !  Je suis quelqu’un de passionné qui prend à cœur son métier d’enseignante de lettres classiques. « Carpe diem » est une devise que je tâche d’appliquer au quotidien ainsi que « mens sana in corpore sano » :  je fais donc du sport ! J’aime beaucoup les langues dont je me sers dans mes romans en utilisant les différentes racines pour former de nouveaux mots, voire de nouvelles langues.

    Ensuite, parlons de ton lien avec l’écriture. Quand as-tu commencé à écrire ?

    J’ai commencé à écrire il y a une dizaine d’années, une expérience incroyable ! Un début de chapitre m’est venu à l’esprit trois soirs de suite. Le troisième soir, je me suis relevée et ai commencé à écrire sur papier, les mots venaient tout seuls, je n’avais aucune trame au début. J’ai écrit ainsi quatre-vingt pages avant de décider que ce roman deviendrait une trilogie (c’était de la fantasy) et que je devrais le taper à l’ordinateur si je voulais que mes proches me lisent, pour commencer. L’objectif était d’avoir un « produit fini ». J’ai terminé le premier tome en moins de quatre mois. J’écrivais tout le temps et partout !

    Si on peut supposer que tu as lu des livres fantasy, as-tu entretenu un lien particulier avec la lecture au cours de ton enfance ? Quelques auteurs t’ont peut-être marquée ?

    Depuis toute petite, je dévore les livres. A l’adolescence, Tolkien m’a marquée, puis ce fut Robin Hobb, Herbert, Dan Simmons, Robert Jordan, David Eddings, Bernard Simmonay… La liste est longue !  Evidemment, j’ai lu tous les classiques (Zola, Balzac, Maupassant, Stendhal, Racine aussi etc) et la littérature étrangère, des auteurs grecs et latins en passant par les russes, dont l’un, contemporain, me plaît beaucoup pour sa sensibilité : Sacha Isaïn. J’aime aussi les romans historiques qui m’emmènent dans l’Egypte ancienne ou au moyen-âge, ainsi que les policiers, dont les romans de Frank Thilliez.

    Chaque auteur possède une source d’inspiration qui lui est propre. Certains ont besoin d’expier leurs souffrances quand d’autres rêvent de s’évader de notre monde. Quel est ton moteur ?

    Clairement, j’écris avant tout pour m’évader, soit dans des univers imaginaires, soit dans l’espace et/ou le temps, d’où mon goût pour les romans historiques et la science-fiction. Je viens d’ailleurs de finir une trilogie d’un jeune auteur que je conseille, Bastien Pantalé.

    J’ai vu que tu as écrit plusieurs livres. Chacun de tes ouvrages semble se situer dans un univers assez proche. As-tu trouvé ton genre de prédilection ou t’imagines-tu, à terme, exercer ta plume dans un cadre différent ?

    J’ai écrit deux trilogies fantasy mais aussi deux romans historiques. Je viens de terminer un roman de science-fiction –une dystopie- et si mon genre préféré reste la fantasy, j’aimerais écrire d’autres romans historiques, du théâtre aussi peut-être. C’est l’inspiration qui décidera.

    Les sept pierres de vie : Tome 1 – Mémoire Perdue présente le parcours d’un homme particulier qui a perdu la mémoire et qui sillonne le monde dans lequel il vit, à la recherche de son passé, de son identité et d’un but. Il s’agit d’une vraie quête individuelle. D’où t’es venue cette idée ?

    La question est difficile ! Je pense que l’inspiration demeure un mystère. Ce qui est sûr, c’est qu’un auteur écrit par rapport à sa vision du monde et ses ressentis. Les lectures du moment et même les séries ou films qu’il regarde peuvent faire jaillir une idée, sans d’ailleurs qu’il en ait forcément conscience. De même, ses personnages ont forcément une part de lui, mais c’est un savant mélange.

    La magie est également présente dans ton roman. Avec subtilité, cependant. Pas d’artifices grandiloquents à la J.K. Rowling mais tout de même chamanisme et sorcellerie sont utilisés avec efficacité. J’ai cru déceler une inspiration dû au patrimoine celtique mais je peux me tromper. Peux-tu nous éclairer sur ton lien avec toutes ces pratiques « occultes » si tu m’autorises cette expression un peu cavalière ?

    Les sciences occultes m’ont toujours fascinée, mais surtout les capacités inexploitées du cerveau humain (télépathie, télékinésie, lévitation etc). D’ailleurs, je pratique le reïki (« force de vie » en japonais) qui agit sur les chakras et permet de « réparer », dans une certaine mesure, les déséquilibres de notre énergie.

    Mémoire perdue est le premier tome d’une saga dont tu as déjà publié trois tomes. Le livre est conséquent et pose les bases d’un univers riche en personnages et en lieux. As-tu une idée précise du reste de la saga et combien de tomes comptes-tu écrire ?

    Mes trois tomes forment une trilogie achevée.  Mais j’ai prévu d’écrire une suite et même les « préquelles ». Je suis loin d’avoir exploité tous les mondes et créatures que j’ai inventés, je reste donc sur ma faim.

    D’ailleurs, as-tu déjà le dénouement final en tête ?

    Pour la suite, je n’ai pas encore le dénouement.

    Utilises-tu un plan soigneusement détaillé pour construire ta fiction ou te laisses-tu guider par ton intuition pour broder au fur et à mesure que tu donnes vies à des chapitres et à des personnages auxquels tu n’avais pas forcément pensé ?

    Contrairement à Flaubert et à ma pratique d’enseignante, je pars d’une idée centrale, d’un personnage, et je me laisse emporter par mon intuition et mes protagonistes. En revanche, j’ai plusieurs fichiers : l’un où j’établis des fiches personnages très détaillées, l’autre où  je résume chaque chapitre.

    J’ai noté également que la rencontre était au cœur de ton livre. En effet, Martin, le personnage principal, voit sa quête avancer grâce aux nombreuses rencontres qu’il fait. Je dois avouer que j’ai aimé ce concept, au début, mais que par la suite, je m’en suis lassé, j’ai trouvé que ce processus se répétait trop. Mais c’est subjectif. En outre, peux-tu nous dire s’il s’agissait bien d’un thème qui te tenait à cœur ?

    Au travers de mes nombreuses lectures fantasy, j’ai aimé que la quête du héros soit marquée par ses différentes rencontres (adjuvants ou opposants). C’est sans doute la raison pour laquelle je reproduis ce processus. Dans la vraie vie, je pense aussi qu’on se construit par rapport à notre environnement et nos rencontres.

    Je n’ai pas pris le temps de vérifier pour chacun de tes livres mais si je ne me trompe pas, tu as pris le choix de publier toi-même tes livres. Y a-t-il une raison particulière ? Comptes-tu retenter le choix de l’auto-édition à l’avenir ?

    Au début, très naïve, j’ai envoyé le premier tome de ma première trilogie à des éditeurs connus, en format papier. N’obtenant pas de réponse positive, j’ai décidé de me tourner vers l’édition sur internet avec Publibook et ai finalement opté pour Amazon : les deux ne sont pas satisfaisants pour la promotion, j’en suis consciente. Et comme je travaille à plein temps, je n’en ai guère pour m’en occuper et encore moins pour aller démarcher les maisons d’édition. L’idéal serait qu’un éditeur découvre et apprécie mes romans, on peut rêver !

    Comment vis-tu ton activité d’auteur ? L’exerces-tu uniquement cachée derrière ton écran d’ordinateur comme je l’ai longtemps fait ou vas-tu à des salons ? Vas-tu à la rencontre du lecteur ?

    J’ai participé en effet à des salons : deux fois à Genève et chaque année avec la Société des Auteurs Savoyards dont je fais partie. J’ai aussi donné des dédicaces en librairie. Ces rencontres sont en effet importantes, même s’il devient de plus en plus difficile de vendre un livre papier : c’est un investissement que beaucoup de gens n’ont pas (ou plus) envie de faire. Il n’est pas rare qu’à la fin de la présentation  d’un de mes romans, la personne me dise que ça l’intéresse mais qu’elle a déjà trop de livres ! Ou encore, que mon livre est trop gros, ou pire, qu’elle n’aime pas lire !!!

    Ressens-tu une émotion particulière lorsque quelqu’un lit un de tes livres ou lorsque tu découvres une chronique ?

    Oui, bien sûr ! J’ai eu énormément de retours positifs sur mes romans et j’avoue que c’est une vraie récompense ! Un adolescent m’a dit que je lui avais donné envie de lire, une lectrice m’a complimentée sur mon style qui lui faisait penser à de la musique et m’a finalement acheté tous mes romans ce jour-là, après avoir commencé celui qu’elle avait acheté le matin même dans ce petit salon de province.

    As-tu un lecteur privilégié dans ton entourage ?

    J’ai une amie, oui, et aussi mon fils aîné qui a un œil critique acéré ! Heureusement, car je me laisse parfois emporter par mes personnages au détriment du rythme du roman. Des coupes s’imposent, ou au contraire, plus de précisions.

    Si tu étais un livre, ou un personnage de roman, qui serais-tu Florence Jouniaux ?

    Une question qui demande réflexion ! Le choix est difficile… Eléa dans La Nuit des temps pour l’amour qu’elle vit avec Païkan, ou Katniss dans Hunger games pour son courage, ou encore Heina, la Reine du Peuple des Arbres dans le premier tome de ma trilogie Les Sept Pierres de vie pour sa beauté et sa sagesse.

    L’écriture est-elle ton activité principale ? Exerces-tu une profession ou d’autres passions ?

    Non, car mon métier de professeure au lycée me prend beaucoup de temps et d’énergie mais je m’efforce de faire du sport et je chante dans une chorale (du classique), je prends aussi des cours de chant lyrique. En outre, comme j’aime m’évader et m’aérer l’esprit, je regarde beaucoup de séries sur Netflix comme « House of cards »« Orphan Black », « La servante écarlate », « Games of thrones » (dont j’ai lu l’intégrale avant  de voir l’adaptation), et bien d’autres ! J’écris donc le soir, tous les soirs les premières années, moins depuis un an. Mais je ne pourrais plus vivre sans l’écriture, cela est sûr !

    Être auteur ou écrivain est un métier particulier, comment cela se passe-t-il avec ton entourage ? Il te soutient ?

    Dans l’ensemble, oui, sauf quand je regarde une série d’un demi-œil et que je demande ce qui s’est passé.  Mon conjoint m’envoie souvent sur les roses ! Est-il parfois jaloux du temps que j’accorde à mes personnages ?

    Enfin, je te laisse le mot de la fin. Tu as carte blanche.

    L’écriture m’apporte beaucoup, c’est une palette d’émotions et de paysages avec laquelle je joue. Elle ne va pas sans la lecture. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils perdent quand ils ne lisent pas…  Je découvre, grâce à Facebook notamment, de nombreux auteurs de talent, qui, comme moi, sont auto-édités et avec qui nous échangeons. Je déplore que les maisons d’édition soient aussi frileuses et que sous prétexte qu’ils sont connus, des gens sans aucun talent soient publiés pour raconter leurs déboires ou étaler leur vie…

    J’écris pour mon plaisir, et fort heureusement, cela ne changera pas. Bien sûr, si un jour une maison d’édition me contactait, j’en serais ravie !

    La page Amazon de Florence Jouniaux


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